L’Observatoire
français des médias (OFM) exprime son inquiétude
quant à la poursuite de la constitution d’ensembles géographiques
de plus en plus vastes où un seul entrepreneur de presse contrôle
l’édition d’un journal quotidien d’information
générale
et politique.
Le rachat annoncé par Ouest-France de trois quotidiens «
Le Courrier de l’Ouest » à Angers,
« Le Maine libre » au Mans, «
Presse-Océan » à Nantes, ainsi que de la
télévision locale Nantes 7 donnerait à
Ouest-France une position hégémonique,
totalement incompatible avec le pluralisme, dans six départements
de l’Ouest. La nécessité de préserver le pluralisme,
à l’intérieur du cadre des régions, est également
incompatible avec l’étendue du développement atteint
aujourd’hui par le groupe Socpresse, dans le Nord,
l’Est, une partie du Sud-Est et par le groupe Lagardère
également dans le Sud-Est.
Dans l’ensemble de ces régions, la production de l’information
d’intérêt local, dans les domaines de l’actualité
politique, sociale ou encore culturelle dépend des décisions
adoptées au sein d’une publication bénéficiant
d’une position écrasante, sans que de véritable alternative
existe.
L’OFM dénonce de plus les conséquences des modalités
du développement de la télévision dans ces régions,
qui plutôt que de corriger cette situation menace aujourd’hui
de l’aggraver considérablement.
En effet, sur une quinzaine de villes pour lesquelles une autorisation
d’exploitation d’une télévision locale a déjà
été délivrée, un nombre très significatif
relève de localités où le principal titre de presse
écrite quotidienne et la chaîne de télévision
se trouvent désormais contrôlés par les mêmes
intérêts, souvent liés à de grands groupes
nationaux.
Ceci est d’ores et déjà le cas, compte tenu des décisions
d’affectation de la fréquence auxquelles le C.S.A. a procédé,
pour les villes d’Angers (au bénéfice de Ouest-France),
Bordeaux (Sud-Ouest), Clermont-Ferrand (La Montagne), Lyon (groupe Dassault),
Marseille (groupe Lagardère), Nantes (Ouest-France), Tours (Nouvelle
République du Centre-Ouest), Grenoble (France-Antilles-Comareg),
une situation comparable pourrait par ailleurs se développer à
Lille (groupe Dassault).
L’OFM demande aux pouvoirs publics que des mesures urgentes soient
prises pour que les conditions du respect du pluralisme de la presse en
France soient garanties au sein des espaces régionaux de circulation
de l’information et d’organisation du débat public.
Il réclame que le Conseil Supérieur Audiovisuel veille à
corriger l’orientation des choix adoptés en ce domaine, orientation
qui s’amplifie depuis environ trois ans, et qui est contraire aux
principes de défense et de développement de pluralisme qu’il
est tenu de promouvoir.
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